Entre deux mondes
En écoutant l’un de mes podcasts préférés il y a quelque temps, j’ai découvert un terme qui m’a interpellée d’emblée. Au cours d’une discussion sur une petite île à l’ouest de l’Écosse, l’hôte de l’émission “Scotland Outdoors” a évoqué l’idée de “thin place” comme description apte pour cet endroit dont le paysage et l’ambiance l’avaient marqué.
Poétique et profonde, l’appellation ‘thin place’- littéralement “lieu mince” ou “maigre” - est une notion ayant ses origines apparemment dans les croyances celtes. Ce sont des endroits où le voile est particulièrement perméable entre le monde matériel et le règne spirituel ou divin . Il s’agit parfois de sites religieux, mais pas seulement; cela s’applique également à des lieux où la nature est d’une beauté remarquable, là où nous ressentons une connexion avec quelque chose au-delà de l’ordinaire.
Pour les Celtes, certains paysages naturels comme les montagnes, les lacs, les iles et les grottes avaient une signification spirituelle; ces sites constituaient des points de connexion entre les mondes matériels et surnaturels.
Mais alors, pourquoi est-ce que je vous raconte ceci? Tout simplement, parce qu’en découvrant les Îles Orcades cet été, ce coin de mon pays que je ne connaissais pas, je ne pouvais pas m’empêcher de penser qu’il y avait tout ce qu’il fallait pour prétendre être un ‘thin place’.
La nature de sa géographie, de son paysage par exemple. Très peu d’arbres poussent ici sur cet archipel où les vents puissants sont fréquents. Certaines des îles sont plutôt plats; nous avons souvent des vues ininterrompues de la mer; le ciel nous paraît vaste et proche, comme si il n y avait presque rien qui nous séparait. Nos sens sont réveillés; les éléments et les traits du paysage nous ancrent dans le présent: le vent, la mer, la terre, les falaises. Et le temps se fige.
S’ajoutent à ce côté spirituel les nombreux sites préhistoriques, souvent funéraires, présents sur les îles. Le patrimoine archéologique des Orcades est remarquable. Ses pierres, ses chambres funéraires, ses vestiges de villages sont des témoins de la vie de nos ancêtres, et autour d’eux règne une ambiance énigmatique.
Parfois, ici, nous nous sentons perdus au bout du monde ; nous pouvons facilement nous retrouver seuls, chose rare de nos jours. Il est tout à fait possible, par exemple, d’avoir une magnifique plage pour nous seuls, le bruit des vagues et les chants d’oiseaux marins comme unique accompagnement sonore. La paix et la tranquillité nous apaisent. De plus, en circulant sur les îles nous remarquons que les signes de la vie actuelle, les traces de l’activité humaine sont clairsemés, nous éloignant ainsi de ce monde bruyant.
Tout cela pour dire que j’ai trouvé envoûtante cette partie du monde. Notre séjour fut court, mais riche et ressourçant. Je vous présente simplement une petite sélection de photos prises pendant ces quelques jours. Si un jour vos pas vous mènent en Écosse, laissez-vous tenter : quittez le continent, traversez les eaux, et aventurez-vous sur ces îles captivantes.